CSF Magazine n° 108 - QUI VEILLE SUR NOS MERS ?

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CSF MAG 108
 

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La France dispose du plus grand domaine maritime du monde. Il faut compter en effet avec la métropole et ses îles, mais aussi avec les outre-mers : l’ensemble détermine des zones économiques exclusives immenses. Il faut veiller sur ce vaste univers. L’environnement est une priorité : connaître l’état des mers, des risques de pollution, protéger la flore et la faune, suivre de près la ressource halieutique pour gérer les pêches. Il faut aussi empêcher la destruction de la nature le long du littoral. Le transport maritime comporte des risques : les navires doivent être soumis au contrôle technique. La sécurité des frontières maritimes doit être assurée. Et en cas d’accident ou de catastrophe, il faut organiser les secours… Alors qui veille sur la mer ? On nous vante les réussites des firmes multinationales, l’essor des start-ups, les prouesses des traders, mais qui nous parle de celles et ceux qui, sans recherche de profit, veillent sur ce bien commun de l’humanité : les mers et les océans. Car c’est bien au service public que notre pays fait confi ance pour son domaine maritime. La mondialisation des échanges conduit, par exemple, à la multiplication des navires porte containers, des grands pétroliers, des méthaniers. Mais sans organismes de contrôle et de secours, le transport maritime ne pourrait pas se développer. Une économie moderne a besoin d’un service public efficace.

L’ESPACE MARITIME FRANÇAIS, LE PLUS VASTE DU MONDE


Comment notre pays est-il devenu la plus grande puissance maritime du monde ? Il faut pour le comprendre, remonter à 1982. Cette année-là, après des années de discussions, est conclue la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer. Tous les États membres de l’ONU conviennent qu’ils disposent d’une bande de 200 milles nautiques (soit 370,4 km) à partir de leurs côtes. Cet espace est dénommé «zone économique exclusive». Le pays y dispose de droits souverains «aux fins d’exploration et d’exploitation des ressources naturelles biologiques ou non». Un avantage important. Ce n’est pas seulement la pêche qui est concernée, mais les ressources du sol et du sous-sol marin qui pourraient demain se révéler décisives. On songe aux nodules polymétalliques qu’on trouve au fond des océans, mais surtout… au pétrole ou au gaz. Ainsi, au large de la Guyane, on n’est pas bien loin de la zone pétrolifère qui fait la richesse du Vénézuela… Si la France est bénéficiaire de cette Convention des États-Unis, ce n’est après tout que justice : ses diplomates ont bien travaillé à l’ONU, mais surtout, l’expertise française en matière d’océanographie a été précieuse. Ce sont les travaux du Centre national d’exploitation des océans puis de l’Ifremer, de la Compagnie maritime d’expertise, du Service hydrographique et océanographique de la Marine qui ont été sollicités… sans compter l’image brillante qu’offraient les équipes du commandant Cousteau ! Et la même Convention des Nations-Unies précise que les États peuvent exercer leur juridiction jusqu’à 350 milles nautiques s’ils en font la demande… ce que notre pays n’a pas manqué de faire. Bien sûr les ressources potentielles de ce domaine ne sont pas à portée de main, elles se situent souvent dans les grandes profondeurs. Leur exploitation n’est pas pour maintenant… d’autant que les préoccupations légitimes liées à l’environnement sont très présentes. On pense davantage aujourd’hui à interdire l’activité minière dans les fonds marins. Mais il faut songer à l’avenir et à de nouvelles conditions d’exploitation non polluantes. Ce n’est pas un hasard si toutes les autres puissances veillent jalousement sur leur domaine maritime.