CSF Magazine n° 114 - AÉRONAUTIQUE ET ESPACE

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AÉRONAUTIQUE ET ESPACE : QUAND LE SECTEUR PUBLIC FAIT DÉCOLLER LES BEAUX PROJETS

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Airbus a fini l’année 2018 en beauté, en totalisant 800 livraisons d’appareils ! La production d’avions A320 a atteint des sommets, allant jusqu’à 66 appareils construits au seul mois de novembre. Le match est donc serré entre Airbus et Boeing : le géant américain devrait passer la barre des 810 appareils livrés. Secrets de cette réussite ? Une gamme d’appareils correspondant aux voeux des compagnies aériennes, qu’il s’agisse de la sobriété, de la sûreté, du confort. L’A320neo est l’emblème de ce succès qui tient aux performances de l’avion. Une réduction de la consommation de carburant de 15 % par rapport à la génération actuelle de court et de moyen-courrier, grâce à l’utilisation de nouveaux moteurs et de « sharklets », des ailettes à l’extrémité des ailes. Autre avantage : tous les appareils Airbus de nouvelle génération partagent la même conception de cockpit, de commandes de vol électriques, ainsi que de caractéristiques de pilotage. Les pilotes peuvent se retrouver aux commandes de n’importe quel avion de la famille Airbus avec un minimum de formation supplémentaire. La qualification croisée des équipages entre les différentes familles d’avions offre aux compagnies aériennes une flexibilité appréciée. Aujourd’hui, 10 000 Airbus volent dans le monde ; un A320 décolle toutes les cinq secondes.

AU COMMENCEMENT ÉTAIT L’ENTREPRISE PUBLIQUE

Comment s’est construite cette belle histoire ? La France est depuis le début du XXe siècle le pays de l’aviation. Il suffit d’évoquer le premier vol d’1 kilomètre par l’avion d’Henri Farman en 1908, la première traversée de la Manche par Blériot en 1909, l’épopée de Mermoz… Au début du XXe siècle, une multitude de petites entreprises privées se sont lancées dans la construction d’avions ; elles sont pionnières, mais leur petite taille les empêche d’évoluer. En 1936, le gouvernement du Front Populaire structure le secteur en le nationalisant et en créant six sociétés nationales de constructions aéronautiques. C’est encore beaucoup. Le secteur public se restructure donc plus tard en donnant naissance à Sud-Aviation en 1957 et Nord-Aviation en 1958. C’est une entreprise publique, Sud-Aviation, qui va créer les avions Caravelle et Concorde, les hélicoptères Alouette, Frelon et Puma. Une expérience industrielle accumulée qui en fait un trésor aéronautique. De son côté, Nord-Aviation produit une gamme d’avions de transport civil, et s’engage dans la création du Transall. Cette époque, sous la présidence du général de Gaulle, est marquée par la volonté de faire de l’industrie aéronautique un attribut d’une grande puissance. C’est le temps des grands capitaines d’industrie comme Georges Héreil, le « père » de la Caravelle ou encore d’Henri Ziegler, ancien chef d’État-major des FFI et patron d’Air France. Puis 1970 marque une nouvelle étape importante en réunissant les deux sociétés nationales en une seule, Aérospatiale.

VERS LA MONDIALISATION

Chacun a compris que le marché est devenu mondial. Comment dès lors valoriser les compétences techniques que la France est à peu près seule en Europe à avoir engrangées ? Certes, la Grande-Bretagne dispose aussi d’une bonne expérience, mais l’Allemagne, grand pays industriel, n’a guère de compétences dans l’aéronautique à l’époque. Ce sera la naissance du consortium Airbus : allier le savoir-faire industriel allemand et l’expérience française de la construction d’avions. Le mariage ne se fait pas aisément. Le gouvernement allemand est méfiant devant la nature d’entreprise publique d’Aérospatiale. Mais le jeu en vaut la chandelle : il s’agit de mettre à profit le savoirfaire français pour développer une industrie d’avenir en Allemagne. Car dans la corbeille du mariage, les apports sont inégaux. L’industrie allemande aéronautique ne s’est pas remise de la guerre, elle n’a plus de réseau d’ingénieurs, ses moyens sont dispersés. L’expérience française dans la construction d’avions et d’hélicoptères est au contraire déjà couronnée de succès. Et dès lors, les réticences tombent : Airbus est créé par l’alliance entre Aérospatiale et Messerschmidt. Les Anglais ? Interessés au départ, ils se retireront avant de revenir en 1979..

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